Bien choisir son psy est une étape importante de tout suivi psychologique ou psychothérapeutique. Au-delà des diplômes du professionnel, dont il faut bien entendu tenir compte, quelques qualités humaines sont indispensables au thérapeute pour bien faire son travail. Tour d’horizon en 4 points.
Je me souviens avoir lu, il y a quelques années, à une période où je débattais de l’efficacité des approches avec un collègue psychologue spécialiste en psychothérapie cognitivo-comportementale, un auteur psy mentionnant que les meilleurs thérapeutes sont « modestes et bienveillants ». Je pense maintenant, avec l’expérience, et ayant pu fonder une critique constructive des diverses approches psychothérapeutiques (dont la mienne), que cette analyse est pleine de bon sens. Lorsqu’il m’arrive d’orienter un patient vers un collègue, dans le cas où je ne pourrais lui proposer un suivi moi-même, je ne me préoccupe pas essentiellement de son approche psychothérapeutique (même si cet aspect présente de l’importance et dépend pour une part de la demande qui est déposée) : je recommande avant tout une personne, et son humanité. Je connais en effet quelques collègues par qui j’estime que les patients sont bien reçus et chez qui je me sentirais à l’aise de présenter mes propres difficultés. La capacité d’accueillir sans juger est une qualité supérieure en la matière.
A ce propos, je ne résiste pas à raconter une rencontre que j’ai faite avec une femme psychanalyste qui m’avait accueillie dans son cabinet bourgeois, un local énorme (il paraissait d’autant plus énorme que la psychothérapeute en question était plutôt de petite taille). Fidèle à l’image que l’on peut se faire d’une psychanalyste, elle s’est montrée très sobre (malgré le mobilier d’apparat) et peu prolixe. Elle m’a demandé ce qui m’amenait, alors j’ai raconté. A l’évocation d’un sujet sensible, qui me tenait à cœur (l’objet premier de ma demande de suivi), je me suis mise à pleurer. Cette femme m’a alors dit : « Cela vous arrive souvent, des débordements affectifs de la sorte ? ». Je crois que sur le moment, je n’ai pas réagi contre ce que je considère aujourd’hui comme une agression, mais il est sûr que je ne suis jamais retournée la voir !
Parmi les psys, il y a ces gens-là.
Et puis il y a ceux qui vous accueillent avec ce que l’humain a de plus beau : une profonde empathie. Je pense en particulier à ma première psy, qui m’a reçue sur 19 (!) séances de psychothérapie précisément (oui … parce que nous les psychologues devons compter le nombre d’heures effectuées, afin de faire valoir ces heures de travail personnel au moment de la demande de titre de spécialisation auprès de notre fédération professionnelle. Voilà pourquoi je possède encore le décompte exact de séances datant d’il y a 15 ans !). Je ne sais pas si j’ai pleuré les 19 fois, mais il est certain que plus de la moitié des séances s’est soldée par une grande émotion dans l’ascenseur qui redescendait de son cabinet et me permettait de quitter l’immeuble. Je pleurais après des séances pendant lesquelles je gardais pour moi ces larmes qui allaient couler. Ce qui me touchait tant dans la relation à cette femme, c’était de ressentir que ma propre souffrance la touchait, elle, et qu’elle s’en préoccupait.
Le web fourmille d’articles décrivant au futur patient les orientations thérapeutiques existantes et leurs spécificités. Je n’en parlerai pas ici. En effet, comme dit, à mon sens la bientraitance du psy est beaucoup moins une question d’orientation thérapeutique que de personne.
Fuyez, bien entendu, si votre thérapeute vous parle de lui plus que de raison, vous n’êtes pas là pour l’écouter sur ses propres malheurs ! Ne parlons pas de celui qui s’endort en séance (ça existe, je vous assure, je l’ai moi-même vécu en tant que patiente !) ou qui ne trouve pas suffisamment de temps pour vous recevoir … Et gare à celui qui ne conserve pas la mémoire de ce que vous lui avez raconté ! Ou qui ne vous reçoit pas à l’heure et vous fait poireauter en salle d’attente …
Alors, qu’est-ce qu’un bon psy ?
1. L’efficacité par l’échange émotionnel
Un bon psy fait avancer son patient (je parle des patients accessibles à la psychothérapie). Et à mon sens cela n’est possible que si l’individu peut partager avec son thérapeute une expérience émotionnelle forte. L’investissement du patient dans son suivi est souvent considéré par mes collègues comme un point-clé pour avancer ; j’estime pour ma part que c’est au thérapeute de faire le premier pas pour montrer au patient l’intérêt de cet investissement. Il est vrai qu’en ayant travaillé de nombreuses années en prison, j’ai appris que des hommes tout à fait réfractaires à la psychothérapie pouvaient y trouver un intérêt, lorsque le thérapeute y mettait du sien.
2. De l’expérience et un cadre réfléchi
Par ailleurs, adressez-vous en priorité à un thérapeute expérimenté … et qui a su s’enrichir de l’expérience ! (mais j’en conviens, cela n’est pas forcément décelable). Surtout n’hésitez pas à comparer en allant voir plusieurs personnes pour un premier entretien, si votre choix n’est pas sûr. En effet, c’est au patient de choisir son thérapeute, celui qui l’accompagnera pour évoquer des aspects douloureux de sa vie, mais aussi les joies et les bonheurs. Soyez attentif à votre ressenti, vérifiez que votre psy vous explique comment il compte travailler avec vous, quel est son « programme », quelle est la façon dont il compte vous aider, de quoi est faite sa théorie sous-jacente pour aller vers un mieux-être. Là, comme dans toute prestation en votre faveur, ne faites pas confiance aveuglément, il y a des charlatans même parmi les gens qui possèdent le bon diplôme.
3. La bienveillance et la modestie
Un bon psy vous porte de l’estime, il n’est pas fasciné par vous et votre histoire, mais il vous trouve intéressant. Pas de fascination mais de la bienveillance et cet amour qu’un être humain porte à un autre être humain parce qu’il est de son espèce. Un bon psy n’est pas jugeant, il n’est pas cassant, il ne met pas le patient en difficulté quand il s’y trouve lui-même, il reconnaît ses erreurs et ses limites.
4. Le respect des limites et la contenance
Un bon psy reste avec son patient dans une relation professionnelle, il respecte les limites de la relation thérapeutique (il ne demande pas un prêt bancaire à son patient banquier, pour simple exemple, et bien entendu il ne couche pas avec son patient !). Il détient en outre une certaine connaissance de la psyché humaine et de son fonctionnement, il reste dans la compréhension de ce qui se passe pour son patient et offre une forme de calme, dans la mesure où il ne s’inquiète pas outre mesure pour lui. Il est vrai que certains patients présentent parfois des idées suicidaires et que cet aspect doit pouvoir être géré de manière adéquate par le thérapeute, qui prendra les mesures qui lui paraissent utiles à cet égard.
Le setting (nombre de séances par semaine, durée des séances, position sur le divan ou face à face, consultations en ligne ou en live, mode de paiement de séances, etc.) dépend de la façon de travailler du thérapeute dont certains aspects sont négociables et d’autres pas. A vous de discuter des éléments du setting qui vous questionnent, et ce dès la première séance.
Virginie Kyburz / 07.08.2016