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La thérapie assistée par les psychédéliques

Nous tombons malades et nous souffrons lorsque chaque décision et chaque choix effectués dans la vie sont conditionnés par la peur.

Les états modifiés de la conscience me semblent être les lieux psychiques les plus puissamment capables de nous défaire des carences et des maltraitances que nous font subir les partenaires non symbolisants de nos vies. Ces états sont accessibles via l’utilisation de substances psychédéliques, même si certains guides maîtrisent l’art de nous y emmener également sans prise de substances

Et si les symptômes de la majorité de la population pouvaient être traités par les psychédéliques ? Un certain numéro du magazine de la Fédération Suisse des Psychologues (FSP), psychoscope (3/2019), qui a contribué à modifier ma façon de voir le monde, fait le point sur les recherches actuelles en Suisse au sujet du traitement psychothérapeutique soutenu par la prise de substances psychédéliques.

Oui, bien sûr, et c’est une évidence, le Covid-19 se soigne avec des médicaments qui proviennent de plantes (hydroxychloroquine, dérivée de l’arbuste originaire d’Amérique du Sud, le quinquina, artemisia annua en Chine, artemisia afra en Afrique). Et oui, bien sûr, les patients symbolisants reçus en psychothérapie se porteraient bien mieux si la société moderne n’avait pas confisqué les trésors de la nature aux peuples traditionnels. Le LSD (issu de l’ergot du seigle, un champignon hallucinogène) permet de quitter l’alcool et l’addiction au tabac, le bois sacré (iboga, racine d’un arbre africain) soigne celle à l’héroïne en un week-end, et les champignons hallucinogènes guérissent la dépression.

Dans le registre des substances ne provoquant pas un état modifié de la conscience, le kava kava, poudre obtenue à partir d’un arbuste, détend les anxieux. Et le xylitol (qui remplace le sucre) lui aussi issu de l’écorce d’un arbre (le bouleau), booste le système immunitaire et protège des caries.

Mais… dites-moi, quel est intérêt pour les entreprises pharmaceutiques si les traitements naturels, faciles à obtenir, non brevetés, fonctionnent ?  Comme le mentionne Pollan dans son ouvrage de 2018 sur l’utilisation des substances psychédéliques pour soigner les troubles psychiques, Voyage aux confins de l’esprit : « Une séance psychédélique dure, bien sûr, plusieurs heures et exige en général la présence de deux thérapeutes pendant toute sa durée, mais si la thérapie fonctionne, les patients ne reviennent pas. Personne n’a donc, pour le moment, la moindre idée de ce que pourrait être le modèle économique » (p. 396).

Bien entendu, le cadre thérapeutique doit être sûrement organisé. Pour commencer, et vous vous en doutez si vous suivez mes écrits, je ne préconise pas l’utilisation des états modifiés de la conscience aux êtres qui sont privés de la capacité à symboliser.

Je vous propose, dans le slide suivant, ma conception des conditions de soin du psycho-trauma à l’aide des substances psychédéliques.

Bonne découverte !

Suite à de nombreuses demandes d’orientation vers ces thérapies prometteuses, j’ai décidé d’ajouter à l’article quelques paragraphes informatifs (et ce, en février 2023). En voici la teneur :

Quant aux lieux de soins, ils sont divers et variés de par le monde, en fonction de la législation en vigueur dans chaque pays. L’utilisation de la majorité des substances psychédéliques étant interdite en Suisse, la plupart des traitements n’y sont accessibles légalement que dans le cadre de recherches cliniques (mais vous ne saurez pas avant l’expérience si vous faites partie du groupe avec substance ou du groupe placebo), ou sur dossier spécifique à votre situation – déposé auprès de l’OFSP, et dans le cas où votre médecin a tenté avec vous toute autre approche, sans succès, de traitement. La PAP (Psychothérapie assistée par Psychédélique) est offerte par les Hôpitaux Universitaires de Genève dans son service d’addictologie, qui propose des traitements à l’aide de psilocybine et de LSD. Pour plus de renseignements, rendez-vous sur la page internet relative à cette prestation.

La seule substance psychédélique légale en Suisse étant la kétamine, un psychédélique fortement dissociatif, certains psychiatres en cabinet ont décidé de proposer un traitement à base de cette molécule synthétique. A ce sujet, je vous indique pour information le Centre de psychiatrie interventionnelle de Lausanne, sans pouvoir expressément le recommander dans la mesure où je ne sais pas comment ce centre travaille. Les PAP doivent en effet être menées par des personnes expérimentées, à mon sens correctement formées à la psychothérapie et ayant une vision très claire de leur rôle thérapeutique avant, pendant et après les sessions. Par ailleurs, de mon point de vue, ces thérapeutes doivent également avoir fait l’expérience personnelle de la substance dans un setting thérapeutique, pour être à même d’accompagner les patients. Le centre de psychiatrie et psychothérapie Almaval, qui possède différents lieux de consultation dans le canton de Vaud, propose également un traitement à base de kétamine. J’ai eu à faire à ce centre il y a quelques années. La prise en charge y était respectueuse, mais encore peu expérimentée, ce qui n’est pas très surprenant à ce stade au vu de sa nouveauté. Par ailleurs, les psychiatres n’ont pas la même expérience thérapeutique que les trip-sitters (parfois non psys) qui ont voué leur vie au travail avec ce que que ces derniers nomment les « plantes-médecine ».

A Genève, il existe une association qui s’intéresse au mouvement psychédélique. Elle se nomme eleusis, Association Psychédélique de Suisse Romande. Elle est ouverte à toute personne souhaitant échanger des idées et en apprendre davantage au sujet des psychédéliques.

Les truffes à psilocybine sont très utilisées aux Pays-Bas, où leur administration est légale. En effet, dans ce pays, la vente des truffes magiques n’est soumise à aucune loi. De ce fait, vous y trouverez de nombreux lieux de soins expérimentés et légaux. Quant au Portugal, l’utilisation de toutes drogues étant dépénalisée, il est possible de se rendre à des retraites qui permettent un soin profond. A ce sujet, je recommande absolument Coração Medicina, une initiative de groupe qui sert les champignons à psilocybine, et dont je connais personnellement la fondatrice. A noter que les pays dans lesquels la psilocybine (substance active psychédélique des champignons « hallucinogènes ») est disponible sont listés dans cet article de blog.

Pour un aperçu clinique du traitement permis par les champignons, visionnez le premier épisode de la série The Goop Lab proposée par Gwyneth Paltrow sur Netflix : l’on y fait la connaissance de deux thérapeutes installés en Jamaïque, où les champignons à psilocybine sont légaux. Netflix propose également d’autres documentaires sur le sujet, dont la mini-série Voyage aux confins de l’esprit, en 4 épisodes traitant de l’apport des thérapies assistées par les substances suivantes : le LSD, la psilocybine, MDMA (un psychostimulant) ainsi que la mescaline.

L’organisation Bwiti Life, qui travaille avec le bois sacré (écorce de l’arbre africain iboga) propose des retraites à Cancun (Mexique), au Canada ainsi qu’au Gabon. Il ne m’est pas possible de donner mon avis sur le travail qui y est fait, je ne fais que recevoir les informations de Bwiti Life via sa newsletter. A ce jour, l’utilisation personnelle et la possession d’iboga et d’ibogaine sont légaux au Canada, raison pour laquelle vous pourrez y faire cette expérience.

Par ailleurs, il existe bien entendu de très nombreux chamanes qui travaillent, en Amérique du Sud et ailleurs, avec l’ayahuasca, une expérience que je n’ai pas encore personnellement réalisée, qui doit être très impressionnante et qui permet un enseignement et un soin profonds si elle est réalisée par un curandero sérieux.

Je rappelle, comme mesure de précaution importante, et comme mentionné dans mon slide, que je ne recommande pas ce type de traitement aux personnes qui disposent d’une structure non symbolisante de la personnalité. Par ailleurs, vérifiez que vous êtes correctement encadré et suivi lors d’un tel traitement, et que le setting thérapeutique est bien tenu, pour éviter les bad trips.

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