Tout le monde ne peut pas être accusé de pédophilie

Nota Bene du 24.02.2024 : lors de l’écriture de cet article, il y a près d’un an, je n’avais connaissance que de victimes (femmes) de réseaux pédophiles de structure bleue qui n’étaient pas passées à l’acte sur des enfants à leur tour. En prison et dans ma pratique privée, je n’ai jamais reçu d’homme bleu qui soit passé à l’acte sur des enfants suite à des traumatismes sexuels. Lors de l’écriture de l’article, je n’avais pas connaissance des faits de pédophilie qu’une certaine mouvance attribue (je pense à raison) à Barack Obama (s’il est bleu, mais il est probablement vert !) et à Bill Clinton. C’est lors de l’écoute de Anneke Lucas, survivante de réseaux pédo-satanistes, que j’ai compris que les structures bleues enrôlées dans ces milieux pouvaient passer à l’acte. Cette femme évoque en effet sa relation avec Patrick Haemers, un braqueur belge de structure bleue – qui l’a sauvée d’une mort certaine – et les faits qu’il a commis alors qu’elle était âgée de 9 ans environ. Il était en effet violent physiquement avec elle et a entretenu des relations sexuelles avec elle alors qu’elle était enfant et lui jeune adulte. Selon elle, et je n’ai aucune raison de ne pas la croire, elle était une esclave sexuelle du réseau dans lequel Haemers a lui aussi grandi.

Ainsi, je demande au lecteur de tenir compte du fait que le présent article s’attache à décrire le passage à l’acte de la part d’individus qui n’ont pas grandi dans la plus grande violence dont de telles sphères sont capables, mais au sein d’une famille nucléaire étrangère à ces réseaux spécialisés dans le contrôle mental. Pour plus d’infos sur les personnalités liées à ces réseaux pédo-satanistes, lisez mon article de blog suivant : « L’annonce fin 2023 d’une opération miliaire US en cours est-elle crédible ? ».

Dans le guide d’évaluation des compétences parentales que j’ai fait paraître sur Apple Books il y a de cela trois ans maintenant, j’évoquais que les structures psychiques ne sont pas égales en matière de passage à l’acte criminel pédophile. Les situations dans lesquelles les pères (en particulier) sont accusés à tort par leur ex-compagne d’avoir abusé de leurs enfants existent bel et bien, et sont dévastatrices. En effet, si les experts déterminaient précisément la structure psychique de ces pères, ils s’apercevraient que le passage à l’acte supposé n’a pas pu avoir lieu.

Dans le présent article, je reproduis le chapitre complet de mon guide consacré à cette question particulière.

Souvenez-vous du tableau qui place les couleurs structurelles en fonction de leur rapport à la Loi/loi. Automatiquement, vous comprendrez que les bleus n’abusent pas des enfants.

L’une des Lois que l’on nomme Lois œdipiennes est ce que l’on appelle « la reconnaissance de la différence des générations ». Cela signifie que tout humain symbolisant dont le psychisme est sain sait ceci : être un enfant ce n’est pas la même chose qu’être un adulte. En outre, il sait également que ce dernier statut implique des responsabilités vis-à-vis des êtres non finis de notre espèce.

Cela signifie également que le sujet qui reconnaît cette Loi prendra soin de manière naturelle de ses frères et sœurs moins âgés que lui, ou porteurs d’un handicap : en effet, les sujets bleus ont un sens inné des responsabilités vis-à-vis des plus démunis des membres de leur fratrie. Il arrive d’ailleurs parfois que ces enfants s’occupent des besoins de leurs parents lorsque ce sont ces derniers qui se montrent démunis. Lorsqu’ils tentent de le faire avec un parent capable, à l’occasion d’un moment de détresse que ce dernier traversera, la Loi reprendra place puisque tel parent rappellera à l’enfant que c’est lui qui est responsable de protéger son enfant (et pas le contraire). Dans un monde de bleus, les Lois œdipiennes régulent les relations entre les membres d’une famille et permettent que les rôles de chacun soient correctement alignés. Vivre entre bleus, c’est toujours tendre vers ce qui est juste. Vivre avec des verts ou des roses, c’est sans cesse tendre vers un contre-sens à ce qui est juste.

Partant, ce sont les sujets sociopathiques qui passeront à l’acte sur des enfants et oublieront à la fois le rôle qu’ils sont censés jouer auprès des sujets en développement de notre espèce, ainsi que l’immaturité sexuelle et l’incapacité à consentir à une relation sexuelle propre à tout enfant.
Qui sont donc les individus que je définis comme « sociopathiques » ? Et bien, ce sont tous ceux de notre espèce qui connaissent certaines règles mais qui n’ont pas intégré les Lois symboliques (donc les structures roses) ainsi que tous ceux qui sont dans l’ordre du symbolique mais dont les normes internes ont dévié, ou se sont élargies, sur certains sujets (donc les sujets verts, sujets transgressifs).

Précisons : tous les roses et tous les verts ne passeront pas à l’acte sexuel sur des enfants. Certains seulement. Mais si vous avez face à vous un individu d’une telle couleur, et qu’un soupçon pèse sur lui à ce sujet, vous devez poser l’hypothèse qu’il ait pu le faire, en première analyse. Par contre, aucun sujet bleu de structure ne l’a jamais fait à ma connaissance, ce qui est compatible avec le modèle selon lequel l’individu bleu respecte les Lois œdipiennes. Un auteur, Hubert Van Gijseghem, évoque dans l’un de ses ouvrages relatifs à la typologie des agresseurs sexuels (La personnalité de l’abuseur sexuel, 1988) la possibilité d’un tel passage à l’acte chez le sujet névrotique (bleu). Mais il précise que ceci est très rare, que cela a lieu en général pendant une phase dépressive de l’auteur, et sera non réitéré. Personnellement, j’ai en mémoire deux situations seulement impliquant un sujet bleu : un homme condamné par la justice qui entretenait à 19 ans des relations consenties avec une jeune fille de 15 ans (elle n’a pas porté plainte, le « délit » a été poursuivi d’office au nom de la loi selon laquelle l’écart d’âge était trop important) ainsi qu’une situation de dérapage contrôlé très rapidement entre un beau-père et sa belle-fille devenue pubère (une seule caresse trop explicite puis le retrait total de l’auteur qui a de suite mesuré l’ampleur de la portée de son acte). Le sujet bleu qui dérape une fois ne le fera plus, puisque son économie psychique est basée sur le sentiment de culpabilité.

Notez bien ceci : le risque de passage à l’acte sexuel sur enfant ou de viol d’un adulte, de la part d’un sujet de structure psychique bleue, m’apparaît nul.
Par contre, il existe bien des sujets bleus qui ont tué leurs enfants, dans un contexte dissociatif. J’évoquerai ce point en détail dans l’ouvrage à paraître que je consacrerai au profilage criminel.

Cela ne veut pas dire que les sujets bleus ne peuvent pas fantasmer des actes sexuels avec des enfants. J’ai en mémoire le témoignage d’un homme (vous le trouverez sous le prénom de Badredine dans ce documentaire) qui avait été abusé a partir de l’âge de trois ans, et qui fantasmait sur les fillettes de cet âge, mais qui craignait comme la peste de passer à l’acte. Devaient s’être liés chez lui, au moment du traumatisme subi, pulsion sexuelle en développement et plaisir physique lié à toute stimulation des zones érogènes. Un travail psycho-sensoriel accompagné par un professionnel et revisitant les abus pour traverser le traumatisme devrait lui permettre de se débarrasser de ces fantasmes qui le handicapent.

En matière de maltraitance à enfants, les abus sexuels prennent une place toute particulière. La légitimité de frapper un enfant se discute encore parfois entre ceux qui considèrent que tout châtiment corporel est inadmissible et ceux qui pensent qu’une baffe ou une fessée « n’a jamais tué personne », et d’ailleurs la jurisprudence suisse accepte un « droit de correction » dans certaines circonstances. Mais le fait d’entretenir des relations sexuelles avec des enfants, ou de les approcher sexuellement (attouchements), en particulier lorsqu’il s’agit des siens, relève du tabou ultime.

Par ailleurs, moult précautions sont prises dans ces situations. Les intervenants en protection des mineurs le savent bien : la nécessité d’un témoignage non influencé des enfants dans ces situations permet aux professionnels de retirer un enfant aux bons soins de ses parents sans les en informer au préalable comme il est d’usage. En effet, dans ces cas, la police prend rapidement le relais pour entendre les enfants dans des conditions strictes, souvent en présence d’un psychologue détaché pour l’occasion, et filme leur témoignage.

En matière d’agressions sexuelles ayant lieu à l’extérieur de la famille, le risque qu’un enfant soit victime augmente lorsque ses parents présentent des écueils au niveau de leurs capacités parentales. En effet, celui qui a grandi dans un milieu sécurisant se sent en confiance à la fois pour rapporter à ses parents toute tentative à son encontre, mais également pour ne pas céder à la menace si fréquemment utilisée par les auteurs d’abus pour maintenir l’enfant dans le secret par le silence en cas de passage à l’acte (« Si tu parles, tu iras en prison/j’irai en prison/tes parents auront des problèmes »).

Je me souviens d’un auteur d’abus sexuels vert dont j’assurais le suivi et qui me disait que ses victimes étaient choisies parce qu’elles étaient livrées à elles-mêmes. Ainsi, un abuseur peut facilement se frayer un chemin vers sa proie quand l’un ou les deux parents de l’enfant victime sont des sujets de structure rose, puisque ces derniers n’offrent pas de protection à leur progéniture. Souvenez-vous de ce qu’il s’est passé pour les victimes de Michael Jackson qui s’expriment dans le documentaire déjà cité. D’après l’analyse que j’ai faite de la situation, ces hommes avaient tous les deux un père rose. Comme déjà souligné, aucun homme bleu n’aurait laissé son garçon passer toutes les nuits de sa jeune vie dans la chambre d’hôtel d’un homme adulte.

Il arrive également que les faits se produisent sous le toit des parents roses : ces derniers sont en effet pour la majorité d’entre eux incapables d’anticiper ce qu’il se trame dans la chambre de leurs enfants ou de leurs proches installés à la maison, mais également d’entendre les signes de détresse des petites victimes.

Ce qui est profondément injuste, c’est le fait que ce sont d’abord les enfants qui sont déjà fragilisés par leur milieu familial qui seront abusés.

Les traumatismes vécus par les enfants abusés sexuellement les suivent leur vie entière, mais de manière différentielle en fonction de la structure. Le sujet bleu fera tout pour ne pas passer à l’acte quand les deux autres structures seront moins regardantes… du fait de leur défaut relatif au sentiment de culpabilité et à la notion de responsabilité d’un adulte envers un enfant.

En cas d’abus sexuels dans l’enfance, les hommes bleus deviennent inhibés dans les relations sexuelles ou violents physiquement avec des hommes adultes qui représentent un danger. Ils peuvent également fantasmer un passage à l’acte sur enfant à cause de la trace en mémoire de l’excitation alors vécue en tant qu’enfant. Mais ils ne toucheront pas un enfant. Les hommes roses répètent le trauma sur d’autres enfants. Chez les verts, cela dépend de la construction de leur fétiche : si leur objet sexuel fétiche est un enfant, ils n’auront de cesse de passer à l’acte. Ce qui fera d’eux des prédateurs redoutables pouvant faire un très grand nombre de victimes, prédateurs d’autant plus redoutables qu’ils sont capables de manipuler de manière très subtile leurs proies afin d’obtenir leur confiance et de passer à l’acte en toute inquiétude.

Je ne possède pas suffisamment de données cliniques liées aux femmes auteurs d’abus sexuel pour en dire davantage sur cette catégorie particulière qui est peu étudiée, mais les caractéristiques structurelles s’appliqueront évidemment.

Cliquez sur l’image pour accéder au guide complet sur Apple Books

Acte II – Michael Jackson

Voici une affaire qui suscite grand débat du fait de la célébrité de l’auteur présumé, et qui pose cette question : Michael Jackson était-il à la fois ce génie musical et un homme capable d’abuser d’enfants, dont le plus jeune accusateur connu aurait eu 7 ans au début des abus ?

La réponse est dans le documentaire réalisé par Dan Reed en 2019, Leaving Neverland (les deux épisodes de ce film – chacun de deux heures – sont visibles sur vimeo, le 1er ici en français, le 2e actuellement introuvable, vu en anglais). Les témoignages des membres de la famille des victimes et des victimes elles-mêmes sont si riches d’enseignements que ces quatre heures constituent un document exceptionnel pour qui veut comprendre la clinique des abus commis par un sujet non symbolisant (voir cet article pour la définition) et le lien qui peut attacher les victimes à celui qui ne respecte pas les lois fondamentales d’une société humaine.

En préambule, je conseille au lecteur qui n’est pas prêt à entendre la vérité sur Jackson de s’abstenir de lire ce texte ou de regarder le documentaire de Dan Reed. Par respect pour les victimes. Et parce que certains passages du film sont insoutenables. Si le lecteur préfère garder une bonne image de Jackson, qu’il le fasse. Personne n’est obligé de se confronter à la maltraitance que certains membres de l’espèce humaine sont capables de faire subir à leurs propres congénères. Par contre, le lecteur qui veut savoir comment cela est possible, et à quel point le sujet de l’abus sexuel sur mineurs est mal compris et les actes mal interprétés, ressortira de cette analyse avec de nouvelles clés de compréhension.

J’évoque déjà les faits imputés au chanteur dans l’article précédemment cité et qui concerne la structure rose (pour les couleurs, voir l’Acte I).

Je souhaite dès lors ajouter dans le présent texte, spécialement consacré à cette affaire, quelques points qui méritent notre attention. Si je peux valider l’hypothèse de la culpabilité de Jackson, c’est d’abord parce que les victimes qui témoignent dans le document de Dan Reed sont parfaitement crédibles. Et que leur récit, ainsi que ceux de leurs proches, éclairent en tous points les mécanismes à l’oeuvre.

Il s’agit de deux hommes de structure bleue (structure névrotique, qui est la structure normale de l’être humain), intelligents, dont les récits évoquent une forte loyauté et un fort attachement à Michael Jackson. L’on est frappés par la dénégation, chez ces jeunes hommes, durant de si longues années, des abus subis. D’abord, il s’est agi pour ces victimes de comprendre qu’il y avait bien eu « abus », et qu’il ne pouvait s’agir d’une histoire d’amour qu’alors enfants ils auraient entretenue avec un homme de près de quarante ans. De plus, ils craignaient, en avouant avoir entretenu des relations sexuelles avec le chanteur, que ce dernier ainsi qu’eux-mêmes aillent en prison, comme Michael Jackson le leur avait prédit.

En effet, les deux témoignages concordent sur ce point : Jackson s’assurait le silence de ses victimes en leur faisant peur que non seulement sa vie mais aussi celle de ses victimes soit foutue. Il est même fort probable qu’il croie sincèrement dans le fait que les relations sexuelles entre un enfant qu’il aime et lui soit la façon adéquate de se montrer de l’amour. Selon le discours propre à la structure de l’auteur des abus, il n’était pas question de « faire du mal » à des enfants. Apparemment, il n’a pas exercé de contraintes autres. Il n’en avait pas besoin du fait de son aura.

Il semble en effet que les victimes n’aient pas, sur le moment, vécu ces relations sexuelles comme violentes. La clinique nous apprend que le sujet rose pense sincèrement ne pas faire de mal. Chez beaucoup de sujets qui appartiennent à cette économie psychique, la réalité des relations humaines, avec son cortège d’interdits bien connus des individus bleus (règles œdipiennes) est malléable et fonction des besoins propres.

Bien entendu, le fait que les relations sexuelles aient été menées sans violence ne signifie aucunement qu’elles n’ont pas eu d’impact traumatique. En effet, dans une économie psychique bleue, il est parfaitement interdit d’entretenir des relations sexuelles avec un enfant. Dès lors, il est très difficile pour les victimes de vivre avec cette ambivalence dans laquelle elles se sont trouvées d’éprouver de l’amour pour un être qui avait osé leur faire cela. Mais il semble que ce soit surtout dans l’après-coup (lorsque ces jeunes hommes ont réalisé, en grandissant, l’aspect inacceptable de la chose) que ces victimes ont le plus souffert des événements. D’autant que la jalousie apparaissait en eux à chaque fois que Michael Jackson s’entichait d’un autre enfant

La façon dont Michael Jackson est décrit, et les multiples éléments biographiques relatifs à la star, sont parfaitement compatibles avec la structure non symbolisante, soit l’une des deux structures psychiques en cause dans les abus sexuels sur mineurs (l’autre structure représentée dans ces situations est la structure verte). Par ailleurs, ce mode de structuration psychique comporte une facette toute particulière : un comportement qualifié fréquemment d’infantile ou d’immature. Ce sont des êtres démunis sur le plan psychique qui suscitent chez les sujets bleus, qui sont de véritables saint-bernards dans l’âme, surtout s’ils sont haut potentiel, une propension à les protéger.

Les mères des victimes, des femmes de structure bleue, sont également tombées dans ce travers avec la star : elles n’ont pas su protéger leur enfant parce qu’elles ont pris Michael pour l’un de leurs enfants, capables d’accueillir Michael comme un membre de la famille, répondre à ses appels tous les soirs lorsqu’il était éloigné de cette famille et lui faire sa lessive lorsqu’il venait à la maison.

Michael entretenait avec les familles de ses victimes une relation d’objet typique des roses, qualifiée d’anaclitique par certains auteurs psychanalytiques (cf. Jean Bergeret), donc d’appui sur l’autre pour supporter la vie et ne pas décompenser. Le rose établit une relation d’objet en mode « un seul être comble le besoin » (Michael n’avait pas d’amis), et donc il n’entretient pas un réseau social élargi comme le font le bleu et le vert : Michael compte sur ces enfants pour ne pas être seul et ne pas déprimer (comme Marilyn Monroe sur les hommes), et il sanglote avant le départ de Wade Robson (l’enfant australien) parce que la star restera seule à cette occasion. Michael semblait réellement à la recherche d’une famille dans laquelle il pourrait s’épanouir, comme un enfant orphelin. Mme Safechuck (la mère de James, l’enfant américain) l’a ressenti ainsi, mais il semble qu’avec le recul elle ne mesure pas à quel point il s’agissait réellement de cela. Que l’abus n’était pas le seul enjeu pour Michael Jackson. Ce qui est typique du rose, mais pas du vert. Le sujet vert abuseur sexuel d’enfants, lui, cherche sciemment un lieu où il pourra satisfaire ses besoins. Il y a clairement préméditation. Ce sont nos patients verts de prison qui nous le disent. Et les crimes de sang qu’ils commettent nous le montrent (voir l’Acte I à ce sujet).

Quant aux modus operandi des abus, ils coïncident entre les deux témoignages des victimes.

Comme autre signe clinique qui appuie mon hypothèse, Michael Jackson présentait des signes de persécution (il pensait qu’il faut se méfier des autres, surtout des femmes qui sont mauvaises, et il estimait que la vie ne serait pas telle qu’on le dit…). Ce signe clinique évoque la structure non symbolisante. Par ailleurs, les rôles sont confus : Michael s’adresse à James en l’appelant « son » et, à la fois, il mène une cérémonie de mariage pour se marier avec lui, dans leur chambre. Encore une façon de se comporter typique du rose et pas du vert.

Mais il faut comprendre que l’on se méprend toujours sur les intentions d’un sujet rose, lorsqu’on lit ses actes à partir de son propre point de vue (point de vue symbolisant). Pour exemple, au sujet de cette fameuse cérémonie de mariage, le réalisateur interprète manifestement l’acte de Jackson de manière erronée. Il dit, dans ce passage vidéo : « Ça c’était (…) d’une cruauté particulière », puisque James aurait vécu cela comme une promesse faite entre eux, mais qu’il fut finalement abandonné par le chanteur. En effet, cela aurait été cruel (dans le sens d’une intention de nuire) s’il y avait préméditation de la part de Jackson : donner, pour ensuite faire souffrir l’enfant en reprenant. Mais la star ne se situait pas dans cette économie psychique. Sa capacité imaginaire (Jackson se situe bien dans le registre de l’imaginaire et pas du symbolique, cf. Lacan) l’a fait inventer une cérémonie de mariage, ce qu’il a dû trouver chouette sur le moment, puis les événements ont suivi leur cours et la star s’est détachée de l’enfant. Mais il n’y a pas de lien entre les événements.

A mon sens, Dan Reed interprète faussement la manipulation de Jackson, même si cela ne remet pas en question le sentiment d’avoir été manipulé que les victimes peuvent venir opposer à de tels comportements. Un autre exemple (tiré de l’interview du réalisateur sur le site du webzine Glamour) :

Quelles responsabilités attribuez-vous aux familles des deux accusateurs ?

D.R : « Pour moi, les deux mères n’ont pas vendu leurs fils, mais elles ont été aveuglées par tout ce qu’était Michael Jackson, par son statut, son charme, sa manière d’être… Pour comprendre ces deux mamans, il suffit de regarder l’attitude des fans aujourd’hui. Ces deux mères, c’étaient des fans et elles ont complètement cru à l’histoire du chanteur. Elles ont voulu croire au mythe. Et tout les poussaient à le faire. Le mécanisme était bien rodé. Quand le rapport sexuel commençait, Michael Jackson savait que tout allait bien se passer, et c’est aussi parce qu’il ciblait les familles. Il choisissait celles qui avaient des failles ».

Dan Reed interprète donc la ruse chez Jackson, mais j’aimerais nuancer le propos puisque le sujet non symbolisant ne fonctionne pas de cette façon. Comme déjà mentionné plus haut, c’est davantage le comportement immature du chanteur qui a aveuglé ces mères. Il jouait avec leur fils comme un autre enfant l’aurait fait ! Et ce n’était pour se mettre l’enfant dans la poche, mais bien parce que sa psyché est immature.
Par ailleurs, je ne pense pas que Jackson visait sciemment certaines familles. Il était véritablement en amour (même si sa définition n’est pas la nôtre) avec ses victimes. Bien entendu, il a pu agir parce que les parents lui ont fait confiance. Les pères de ces garçons sont de structure rose (le père de Wade Robson a fini par être diagnostiqué bipolaire), ce qui ne fait évidemment pas automatiquement d’eux des abuseurs d’enfants (en effet, tous les sujets roses ne sont pas abuseurs et heureusement !). Néanmoins, ces pères se sont montrés proprement incapables de protéger leur fils : effet, quel père bleu aurait accepté que son fils mineur dorme toutes les nuits pendant des mois dans le lit de Jackson ? Les mères, elles, ont vu en Jackson un enfant démuni. Pas un prédateur.
Bien entendu, à la fin du documentaire, l’on est confrontés à l’immense sentiment de culpabilité des mères de ces garçons devenus des hommes.

Donc oui, bien entendu que Jackson peut avoir commis ces délits si l’on tient compte de sa structuration psychique. Et, au vu de la personnalité de ses victimes (crédibles), j’ai la conviction qu’il l’a fait. D’ailleurs, comment le public a-t-il fait pour ne pas comprendre son addiction aux garçons ? Il enchaînait les « partenaires de vie », des enfants, comme les images de ses tournées en attestent.

Ses fans ne peuvent l’accepter. Je les comprends. Mais ils ont tort.
La psychologie légale n’est pas l’affaire de tous. Même si chacun croit pouvoir donner son avis sur un sujet aussi complexe.